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Petit retour en arrière. En mars 2014, le gouvernement taïwanais sous l'autorité du président Ma Ying-Jeou et la pression du parti au pouvoir (Kuomintang), forçait le passage dans la précipitation du nouvel accord économique avec la République Populaire de Chine (RPC). Les nouvelles clauses ne furent donc pas étudiées une à une, ne contrôlant pas les détails de la collaboration grandissante entre l'île et l'Empire du Milieu. De peur que cette situation ne la conduise à une intégration politique de l'île par le géant, la population taïwanaise s'est mobilisée, de façon remarquable et inattendue.
Après une manifestation ayant mobilisé un demi million de contestataires qui remettaient en cause la validité du nouvel accord, les étudiants sont rentrés dans la marche et se sont mêlés au mouvement.
Ils ont alors créé le Sunflower Movement (Mouvement des tournesols) et ont décidé de se battre pour leur avenir. C'est ainsi que dans la nuit du 18 mars, ils ont, de manière totalement pacifique, et malgré la tentative de répression des autorités, pris d'assaut les bâtiments du Parlement et du Conseil des ministres. S'ils ont réussi à entrer dans les deux structures (ce qui est, soit dit en passant, une première historique), ils ne sont pas restés aussi longtemps dans l'une comme dans l'autre. S'ils n'ont pu rester qu'une nuit dans le bâtiment au sein duquel le Conseil des ministres se réunit, ils ont réussi à occuper le Parlement pendant près d'un mois.
Après un changement d'attitude du président qui ne voulait pas coopérer avec les manifestants et qui a finalement déclaré qu'il n'avait pas été contraint de signer l'accord sous la pression chinoise, le mouvement est sorti du Parlement le 10 avril. D'une manière générale, le mouvement illustre la volonté des Taïwanais de préserver leur identité qu'ils revendiquent fièrement et de préserver leur démocratie durement gagnée. Mais si les deux entités revendiquent l'appellation de « vraie Chine », la République Populaire a su, de par sa superpuissance économique, faire accepter sa politique de la « Chine unique » visant à l'intégration progressive de l' île « rebelle ».
Dépendance grandissante de l'île au continent
Après la reprise progressive de leurs relations, Taïwan et la RPC avaient, en 1992, signé un consensus dans lequel Taïwan reconnaissait la politique de la Chine unique et lançait une coopération économique. Car il ne faut pourtant pas oublier que Taïwan a besoin de ces accords. Ayant été touchée de plein fouet par la crise économique asiatique, Taïwan peine en effet à se relever et à maintenir ses acquis sociaux face à une Chine représentant une concurrence pécuniaire imbattable pour les entreprises.
Leurs accords économiques se sont donc multipliés les uns après les autres, facilitant les délocalisations vers la Chine et l'import de matériaux mais prenant également progressivement en compte les échanges de personnes. Des lignes aériennes ont été mises en place et le nombre de touristes et d'étudiants a crû de façon considérable.
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Cependant, derrière ce succès incontestable, le spectre de Hong-Kong flotte. Tout avait également commencé par des accords économiques et avait fini par la rétrocession de l'île à la Chine puis par son intégration forcée. Le concept n'est d'ailleurs pas nouveau. Les Britanniques et les Français le faisaient déjà au XXème siècle au Maghreb, rendant les nations dépendantes de leur économie pour forcer des réformes et interventions politiques.
Comment éviter l'assimilation ?
Mais Taïwan, dans la situation actuelle, peut-elle faire autrement ? Si la Chine n'a pas besoin de Taïwan pour s'en sortir, la réciproque n'est pas forcément valide. La RPC offre en effet une main d’œuvre abordable, à proximité et partageant la même langue. La seule alternative possible pour l'île, dont la position géographique offre également un avantage stratégique considérable pour qui la contrôle, est d'essayer d'endiguer le néo-impérialisme chinois et de ralentir les ardeurs du dragon en contrôlant scrupuleusement les différentes clauses de leur coopération.
Comme il est peu probable que la Chine abandonne l'idée de l'intégration complète de l'île, le seul moyen pour Taïwan de garder un soupçon d'autonomie sur le long terme semble donc passer par le fait de jongler entre coopération économique et préservation maximale de sa souveraineté nationale.